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1000 et une vies

24 avril 2012

Eternelle nuit

DSC08468 

Le bois crépite dans le foyer, la chienne dans de profonds soupirs se laisse berçer par la douce chaleur et le silence,  protégée par les vieux murs de pierres de cette maison de village. Dehors la fraicheur s'est installée, la petite cour qui me sépare de la grille est humide d'une brume hivernale.

Je viens de coucher Lilou, paisible petit boutchou souriant, aussi d'accord pour aller se coucher que pour se lever le matin. 3 ans de bonheur et de complicité et une attention que je ne relache pas ... tant qu'elle n'est pas endormie ...

Elle est endormie, c'est le moment de penser à moi .

Devant mon ordinateur, un autre monde s'ouvre.  Consulter les mails, se promener sur les forums, pousser les remparts de mon village pour accéder au monde .  

Soudain la chienne se met à hurler et j'entends le son de la cloche accrochée à la grille ..... 22h30 étrange moment pour une visite !

Intrigué, je sors et m'approche de la grille, prêt à retrouver un visage familier à cette heure innatendue ...

Je suis face à face avec un jeune homme que je ne connais pas. Un grand regard bleu, un sourire .

- Bonsoir, que voulez vous ?

- heu !!! excusez moi, juste faire connaissance ...

- faire connaissance à cette heure là ? J'ai ma petite qui dort à l'étage, le chien qui a du l'a réveiller et vous voulez faire connaissance ?

- heu !! oui .. pardon, non, excusez moi, bonne soirée !!!

Je referme la grille et le regarde s'éloigner, il semble avoir la démarche de quelqu'un qui aurait un peu bu. Il doit avoir 25 ans et sa silhouette se fond finalement à l'obscurité.

Je suis un peu abasourdi par cette apparition et me demande si je n'ai pas été un peu trop brusque avec un jeune mec pas moche qui avait juste besoin de parler.

Je ferme quand même mes portes à clefs et reste un bon moment à cogiter autour de cette visite impromptue. Je croyais connaitre presque tout le monde dans le village, pourtant son visage me semble inconnu .... Un saisonnier ? non pas au mois de Mars !

Le sommeil a raison de mes questions, je m'endors un peu troublé dans la maison qui a retrouvé un calme absolu .

Au petit matin, un papier est glissé dans ma boite aux lettres

"Désolé d' être passé si tard hier soir, je ne pensais pas déranger...

Si par hasard tu souhaitais faire quand même faire connaissance, tu peux me joindre au 06 ...................."

L'écriture est soignée, l'orthographe correcte, je suis abasourdi ....comme si cette apparition d'hier soir n'était pas qu'un rêve ...

J'ai 46 ans surement presque le double d'age de cette personne . Qu'elles sont ses motivations, qui est il ?

Evitant toute précipitation, j'attends le soir pour téléphoner et tenter d'en savoir plus.

- "Salut, je suis celui chez qui tu es venu hier soir "

- ah bonjour, oui  ?

- C'est étrange cette manière de faire connaissance,  qui es tu? je n'ai pas l'impression de te connaitre ....

- Je m'appelle Sylvain, moi je te connais de vue et c'est vrai que j'avais envie d'en savoir davantage sur toi ...

- Que fais tu ici ?

- Je suis aide soignant à l'hopital local, là je reprends mon service...

- si tu veux repasser à la maison, je serai un peu plus disponible samedi soir, je n'ai pas ma petite ... .

- avec grand  plaisir, je viens samedi pour que l'on parle un peu plus "

La communication terminée, je n'en sais guère plus, mais sa voix, sa manière de s'exprimer m'inspire un peu plus de confiance.

Voilà quelques temps que j'ai  pris la décision de ne pas courir après la rencontre amoureuse. Après quelques aventures extrêmement brèves avec des garçons insipides dans des lieux insipides, quelques romances rapides avec des filles qui me laissaient mélancolique et insatisfait, j'avais décidé de garder un certain recul  et d'éviter les recherches éperdues au profit de mes occupations paternelles et de la rénovation de ma maison.

Cette visite réveille en moi l'idée d'une possible séduction, d'une éventuelle discrete relation. Qu'ais je à risquer ?  si le feeling passe, c'est un bon moment garanti, sinon je lui signifierais qu'il n'a pas frappé à la bonne porte .... Encore 2 jours jusqu'à samedi .....

Grand ménage, bon feu dans la cheminée, l'heure approche et étrangement je suis détendu, je m'installe avec une revue pour éviter de surveiller trop attentivement les aiguilles de la pendule.

La chienne me signale l'arrivée de mon invité ...

Ma main tendue lui présente un accueil chaleureux, il s'en empare et m'attire vers lui pour me faire la bise, son sourire est réservé, il rentre dans la maison.

Le regard de Sylvain fait le tour de la pièce, son sourire s'élargit

-" j'adore l'ambiance de cette maison"

Sagit il des odeurs d'encens toujours omni présentes, de la déco provennant de mes nombreux vagabondages en asie, du feu dans la cheminée ?

 Assis autour de la table ronde nous parlons beaucoup, je connais sa mère, sa soeur, son grand père, mais lui,  je ne l'avais jamais remarqué.

Pourtant il me raconte son enfance et son adolescence ici ....et la réputation sulfureuse qui l'accompagne. Adopté depuis son plus jeune age il souffre de ne pouvoir s'adapter au shéma classique des jeunes de son âge et aspire à une autre vie, à d'autres valeurs.

Il prétend imaginer trouver en moi l'inspiration à se tourner vers autre chose qui lui ressemblerait davantage . On se raconte un peu nos vies, je lui raconte mes voyages, il me raconte ses souffrances, ses dérives, ses excès, à coeur ouvert. Sans pudeur comme un cadeau d'une confiance illimitée.

Nous buvons pas mal, nous fumons un peu, il est 3 heures du matin.

-Veux tu visiter le reste de la maison ?

Je lui présente les autres pièces, il savoure chaque recoin, malgré les travaux en cours et la vetusté  de ce qui reste à faire.

J'ai envie de le toucher et je le lui dis. Sylvain n'oppose aucune restriction et viens s'allonger à mes cotés . Un long baiser scelle notre rencontre ....

Mes mains se promènent sur son corps comme sur un instrument de musique, les siennes découvrent mes sensations, jouent et caressent avec aisance, pudeur et souplesse. C'est donc possible d'être aussi à l'aise avec un  mec et qui plus est un inconnu, d'échanger à part égale, de donner et d'offrir avec une telle facilité ?

Sylvain, sobre et beau m'a offert son corps et un plaisir sacré que je n'avais jamais encore connu avec un garçon.

Le jour se lève, premiers chants des oiseaux, il doit partir travailler, il me regarde en souriant

- Toi, je t'ai trouvé, je ne suis pas prêt de te quitter !!

Soudainement, après tant de voluptés pourtant,  je me sens pris au piège d'une relation trop nouvelle pour si vite se prononcer.

- c'est excactement la phrase qu'il ne faut pas me dire au petit matin, Je lui rétorque froidement.

Je sens une ombre passer sur son visage et poursuit: 

-mais on peut  se revoir, si tu le souhaites  ...

-Oui, le plus vite possible !

Les jours suivants, nous nous vîmes. Chaque jour sans me voir était pour lui, un chemin de croix. Après le coucher de Lilou, il passait discrètement me raconter sa journée, me serrer dans ses bras et repartait la mort dans l'âme.

L'arrachement est difficile, Sylvain vit chaque minute sans moi comme une punition injuste. Une absence, une invitation ailleurs, une priorité à Lilou devient source d'inquiétude et d'angoissse.

Il pèse un peu sur mon rythme de vie; je ne suis pas amoureux mais chaque moment intime avec lui me transporte dans un royaume de bonheur.

Cette situation devient ingérable, envie de poursuivre, mais tout devient trop compliqué.

Cher Sylvain

La rencontre avec toi est pleine de sensations nouvelles. Ta confiance et le don de toi m'apportent un plaisir considérable. Mais je sens à quel point tu es fragile et je crains de ne pouvoir être à la hauteur du réconfort que tu attends. J'ai presque le double de ton âge, j'ai une petite qui demande beaucoup d'attention, je ne me sens pas capable de maitriser l'état de dépression qui t'envahi losque nous ne sommes pas ensemble. Sans doute suis je également trop fragile face à une telle situation.

Je reste disposé à entretenir une relation fraternelle avec toi, mais la situation d'amants-amoureux ne me convient pas du tout, j'ai trop peur d'y laisser mon équilibre .

Je t'embrasse.

Sylvain a lu et relu mon mot puis est venu me dire qu'il me comprenait même si le terme de "dépression" lui semblait abusif et le terme "fraternel" trop éloigné de ce qu'il souhaitait.

Mais son corps me hante, ses caresses me manquent, ses baisers m'apellent  ...

Il y a la force de son attachement, il y a ma faiblesse face à ses caresses, face à son désir absolu de me faire du bien.

Au nom de quoi puis je renoncer au plaisir qu'il me propose ?

Petit à petit, je sens qu'il m'apprivoise, il a le double de mes clefs et quand je rentre le soir, il m'a fait briller les meubles, le sol, arranger un coin, laver les vitres ... sa présence s'impose comme dans une logique implacable et indispensable.

"J'aimerai m'installer ici avec toi  je ferai de cette maison un palais où il fera bon vivre!"

Je suis encore très hésitant. Franchir le pas de la cohabitation me semble encore prématuré. Pourtant Sylvain est plus souvent chez moi que chez lui, mais le fait de savoir qu'il a encore son " chez lui" me rassure et me réserve cette possibilité de renoncer à vivre ensemble. Envie et besoin d'en savoir plus sur lui, sur moi, sur nous ensemble. 

Rédaction en cours  

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